Furie lesbienne / Lesbian Fury (1984-1988)

Les Archives Lesbiennes du Québec (ALQ) souhaitent mettre en valeur les documents qui se trouvent dans leurs collections et qui témoignent de la réalité des lesbiennes en région. Plongez avec nous dans les revues, zines et autres publications des années 1970, 1980 et 1990 afin de célébrer les initiatives lesbiennes au Québec !

Nos archives sont ouvertes à toutes et à tous, accessibles pour la consultation, et nous sommes toujours heureuses de recevoir des documents de la part de groupes, d’organisations ou de personnes lesbiennes afin de bonifier nos collections.

Les 7 numéros de Furie lesbienne / Lesbian Fury.

Parmi les périodiques conservés aux Archives lesbiennes du Québec se trouvent les sept numéros de la revue Furie Lesbienne / Lesbian Fury.

Bilingue, ce périodique, riche en discussions politiques, a été mis sur pied par la collective du même nom, basée dans la région de l’Outaouais.

Le premier numéro, paru en novembre 1984, contient une présentation de la collective. En voici un extrait : « Nous croyons à l’importance d’un espace pour lesbiennes seulement ainsi qu’à la nécessité de développer une conscience collective et une analyse politique de lesbiennes. […] Nous reconnaissons que toutes les lesbiennes ne partagent pas les opinions exprimées par la collective, mais nous espérons que ce journal favorisera la discussion entre lesbiennes et servira de lieu où nous pourrons confronter nos idées de façon constructive. » (Furie Lesbienne, 1984 : 2). La présentation de la collective stipule aussi clairement que le racisme, le sexisme et les attaques personnelles ne seront pas tolérés.

Feuillet publicitaire annonçant Furie lesbienne, 1985.

Le tout premier numéro de Furie Lesbienne comprend un compte-rendu concernant un atelier sur la politique ayant rassemblé une quarantaine de lesbiennes, plusieurs poèmes et essais, des critiques de livres, une chronique « Lesbianews of the world », ainsi qu’un courrier du cœur intitulé « Dear Sappho » (Furie Lesbienne, 1984). Après ce premier numéro, la collective en publiera 6 autres, entièrement dactylographiés.

Les textes de Furie Lesbienne offrent un précieux aperçu des enjeux politiques qui traversaient les communautés lesbiennes dans les années 1980. Le deuxième numéro du troisième volume, par exemple, contient le témoignage de participantes à la conférence organisée par le groupe ILIS (International Lesbian Information Service) à Genève en 1986, ainsi qu’un article sur le Groupe de lesbiennes contre l’apartheid et la montée de la droite (Furie Lesbienne, 1986 : 41).

Tant de surprises, de mots doux et de réflexions engagées se trouvent entre les pages de Furie lesbienne ! Il suffit de venir feuilleter les numéros conservés aux Archives Lesbiennes du Québec pour découvrir les secrets des communautés lesbiennes de l’Outaouais… 

La fricassée (Lac-Mégantic, 1982-1983)

Les Archives Lesbiennes du Québec (ALQ) souhaitent mettre en valeur les documents qui se trouvent dans leurs collections et qui témoignent de la réalité des lesbiennes en région. Plongez avec nous dans les revues, zines et autres publications des années 1970, 1980 et 1990 afin de célébrer les initiatives lesbiennes au Québec !

Nos archives sont ouvertes à toutes et à tous, accessibles pour la consultation, et nous sommes toujours heureuses de recevoir des documents de la part de groupes, d’organisations ou de personnes lesbiennes afin de bonifier nos collections.

page couverture du no 2 de La fricassée
Page couverture du no 2 de La fricassée

Cette série d’aperçus sur les initiatives lesbiennes en régions débute avec La fricassée, périodique publié en 1982-1983 par une collective basée à Lac-Mégantic. Avec ses airs de zine contemporain, La fricassée se définit comme une « revue feuillue […] fidèle, volante, absolument gracieuse, imprévue et toujours très sé-rieuse [qui se] retrouve dans la boite à malle, dans la poche d’une amie ou dans toutes les kiosques affichant pour lesbiennes seulement » (La fricassée, 1982 : numéro 1). 

L’écriture « à la féminine », tout comme l’humour, sont omniprésents dans chaque numéro ! Le fonctionnement de La fricassée par « abandonnamante » (La fricassée, 1982 : numéro 3), un mot que l’on devine mot-valise entre les termes « abonnement », « abandon (de soi) » et « amante », est un bon exemple de cette combinaison d’humour et de féminisation. 

page couverture du no 7 de La fricassée
Page couverture du no 7 de La fricassée

Invitation à plusieurs événements par et pour les lesbiennes de la région de Mégantic, recettes, histoires, jeux, correspondances et actualités concernant la communauté lesbienne remplissent les colonnes de chaque revue feuillue. La fricassée a aussi souvent été mobilisée afin de faire circuler des petites annonces : on y retrouve une section pour les publicités de commerces tenus par des membres de (ou accueillants pour) la communauté lesbienne, une autre dédiée aux changements d’adresses, et une pour la chronique des « fermetures temporaires de locales lesbiennes » (La fricassée, 1982 : numéro 3). Ces deux dernières sections, rédigées avec tout autant d’humour que l’ensemble de la revue, témoignent de la tension qui persiste entre la construction d’une communauté en région et la tentation des espaces urbains :

« Changementes d’adresses

[…] diane […] lève sa campamante à saines-lesbiennes et passera deux semaines chez louises […] d’où elle partira ensuite pour montréale à l’apartement de line […]. 

Martine part de saine-lesbiennes également (vraiment c’est l’exode vers la ville) et emménage sur la rue henrijuliène chez les maries.

Rachel et chantal ont décidé de ne pas déménager à mont-mégantic. Elles restent à montréal à la même adresse et préparent la festivale lesbienne devant avoir lieu à la printanne. » (La fricassée, 1982 : numéro 3) 

Cet extrait d’une des chroniques de changements d’adresses comporte plusieurs indices sur la dualité entre la vie à Mégantic et à « Montréale », une tension qui existe encore aujourd’hui au sein de certaines communautés lesbiennes.

Autre gage du caractère intemporel de La fricassée, le treizième numéro de la revue feuillue comporte une recette de tofue brouillée, féminisée bien sûr !

Ainsi, malgré les difficultés d’établir et de faire vivre une communauté lesbienne en région, La fricassée fait preuve de résistance, de résilience et de joie de vivre : les publications fourmillent d’idées d’auto-financement, d’invitations à des événements festifs et de « potines heureuses » (La fricassée, 1982 : numéro 5). 

recette de tofue brouillée, La fricassée, no 13

Soulignons aussi trois rubriques qui reviennent de manière fidèle au sein de La fricassée, soit le GRIL (groupe de recherche intime lesbienne), l’A.A.T.A. (l’auberge-atelière de théâtre à audet) et la FILCH, « fond d’indemnisation pour lesbianisation des chattes » (La fricassée, 1982 : numéro 1). La FILCH, fièrement « première coopérative strictamante lesbienne en millieue rurale » (La fricassée, 1982 : numéro 1) vise à collecter des sous de la part des membres de la communauté qui reçoivent La fricassée afin de pouvoir offrir des soins vétérinaires aux chattes de la communauté. 

Voilà un petit topo au sujet de La fricassée qui, vous donnera envie, on l’espère, de venir consulter les trésors qui se trouvent aux Archives Lesbiennes du Québec ! Rendez-vous au local des ALQ afin de découvrir les « potines » de Mégantic, les tactiques de rassemblement entre lesbiennes, ainsi que de fascinantes acrobaties pour féminiser la langue française !